Des souvenirs étaient cachés au collège depuis un demi-siècle
- Qui a eu l'idée d'organiser ces retrouvailles ?
Le début de l'aventure ? C'est assez vague, sait-on bien comment naît une idée ? Plusieurs événements y ont contribué.
Il y a environ deux ans, Jean-Claude un ancien camarade au Collège de Vitré m'avait retrouvé et était passé m'en faire la surprise. Il m'a donné une photo de classe de la 1ère ABCM' de 1962 qu'il n'avait pas réussi à publier sur un des réseaux sociaux d'internet. Avec l'aide de ma fille, je parviens à la publier sur Trombi.com. Depuis, quelques anciens de Vitré - Alain, Anne-Marie, Francie, Jean-Pierre, Henri... - y ont exercé leur mémoire avec plus ou moins de réussite.
Fin novembre, une randonnée pédestre organisée par mon club autour de Chateaubourg me donne l'occasion de me souvenir des amis d'internat - Françoise, Gérard et Joël - qui habitaient dans ce secteur.
Justement, Françoise (ou Francie) étant assidue sur Trombi.com, je lui envoie un message pour lui demander si elle a toujours des attaches dans la région et si elle se souvient de ces deux autres "pays". En réponse, elle me dit que ce serait sympa de se retrouver pour une randonnée et pourquoi pas fêter en 2013 les 50 ans du baccalauréat. Pour moi, c'était complètement impossible car je n'ai pas eu mon bac n'ayant jamais pu accéder à la terminale !
Quelques temps plus tôt, ma mère qui entre dans sa 90ème année, m'avait rendu (dans un sac poubelle là où j'avais si bien rangé mes affaires) mes courriers de l'époque du lycée et d'une ou deux années suivantes. En les relisant et les relisant par bribes, puis par le détail, je les replaçais dans leur chronologie. Petit à petit, les figures oubliées reprenaient leur place et l'envie de revoir certains et certaines commençait à poindre.
J'échangeais de temps en temps des messages avec Jean-Claude qui au départ m'avait incité à publier la photo de 1ère ABCM'. En janvier dernier, à l'occasion des voeux du nouvel an, je lui lançais : "Est-ce que ça te tenterait de faire, après ½ siècle, les retrouvailles des copains de la photo ?". Le lendemain, de bonne heure, il m'appelait pour me dire son enthousiasme : "Bien sûr, je te suis !". Il avait mis cette aventure sur les rails.
- Comment se déroule votre recherche d'anciens élèves ?
À l'aide de cette fameuse photo de classe, on a aisément retrouvé quelques "collègues", notamment ceux qui se montraient actifs sur Trombi.com ; Françoise en premier lieu, puis Alain et Annick, et d'autres qui n'étaient pas sur cette photo, tous ceux qui auraient pu nous donner un coup de main pour nous orienter vers telle ou telle personne.
J'avais déjà fouillé sur internet, un peu au hasard, et localisé grâce aux moteurs de recherche deux ou trois anciens qui avaient laissé leur trace, sans le savoir : article de journal, feuille municipale, arbre généalogique, exploit sportif. J'avais ainsi débusqué Gérard, Colette, Marie-Annick et Monique.
Mais en fin de compte, tout ça n'allait pas bien vite ni bien loin et nos recherches s'avéraient peu fructueuses. Aussi, comme à l'époque nous étions internes et Jean-Claude ayant ressorti de vieille photos, ce n'était plus seulement les camarades de cette classe que nous avions envie de retrouver mais aussi ceux, garçons et filles, qui partagèrent notre existence. Aussi, a-t-on débordé, petit à petit et un peu malgré nous, de notre photo de classe et la période de référence s'étend maintenant sur la totalité de mes années de présence dans ce collège, c'est-à-dire de septembre 1959 à juin 1963.
La téléphonie illimitée par internet et les messageries électroniques ont permis de multiplier les envois et les appels - vive le progrès mais que de temps passé !
- Était-ce difficile ?
Ce n'est pas simple mais c'est très intéressant. J'avais déjà commencé à chercher des camarades d'écoles avant que naisse ce projet de retrouvailles, mais j'avais fait là le plus facile. On passe beaucoup de temps le nez dans l'annuaire ou devant les moteurs de recherche. Parfois, une recherche lancée donne trois ou quatre réponses, par chance ou intuition, c'est notre ancien copain que l'on obtient immédiatement au bout du fil. Mais quelques fois, le moteur de recherche reste muet ou au contraire déverse une multitude de réponses, alors, c'est dommage, mais il faut bien changer de cible.
- Combien de personnes étaient nécessaires pour organiser l'événement ?
Outre Jean-Claude et moi, Francie et Serge, le "grand", ont participé à la chasse à l'homme. Francie, la plus lointaine géographiquement, revoit encore régulièrement quatre à six de ses anciennes camarades ; Serge, a mis en route son réseau d'anciens potes. Chaque contact a suggéré une nouvelle recherche.
Plusieurs ont bien exprimé le souhait de donner un coup de main mais je ne sais pas comment passer à la réalisation malgré mon désir de partager. J'aurais aimé pourtant que les choix émanent d'un groupe et pouvoir être un participant comme un autre le jour des retrouvailles, à l'écoute d'un maître de cérémonie ou d'un animateur qui aura pris notre suite.
- Combien de personnes ont été invitées ?
Nous étions 29 élèves sur la photo de 1ère ABCM', trois sont malheureusement décédés, une n'est pas désireuse de se retrouver parmi "des vieux croûtons" (sic), douze sont partants, autant (dont trois ex-internes) font encore défaut malgré nos recherches. Comme nous n'en sommes pas restés à cette classe, aujourd'hui c'est une quarantaine d'anciens du collège de Vitré qui ont donné un accord de principe et attendent, impatients, leurs prochaines retrouvailles. Tous ne pourront sans doute pas venir, mais les conjoints, amies ou compagnons étant évidemment conviés, nous devrions être une cinquantaine.
Le professeur d'histoire-géographie de la photo est décédé nous a-t-on dit. En revanche le prof de sports va répondre présent pour la grande joie de ceux qui furent détenteurs des records d'athlétisme du Collège et qui rêvent de l'être toujours comme Gérard, Michel, Jean-Claude, Serge, sans oublier Fernand !
Le proviseur et des professeurs actuels se joindront sans doute à nous.
- Combien de temps cela vous a-t-il pris pour organiser cette réunion ?
Beaucoup trop ! (rire) L'idée est née le 12 janvier, la concrétisation est pour le 16 juin, soit cinq mois. Les trois premiers furent intenses. Il serait temps de lever le pied mais bien des détails d'organisation nous attendent encore. Nous espérons trouver des aides efficaces et répartir les tâches, avis aux amateurs !
- Les retrouvailles auront-elles lieu dans l'établissement ?
Bien évidemment, sinon l'émotion ne pourrait pas être aussi forte. Pour ma part, j'y suis seulement retourné il y a 3 semaines avec Jean-Claude pour rencontrer l'actuel proviseur et faire un repérage des restaurants et sites principaux de la ville et les "coins" aux alentours. Je regardais partout, les souvenirs s'y trouvaient cachés depuis un demi-siècle.
- Qu'allez-vous faire lors de ces retrouvailles ?
Le Proviseur ne peut nous recevoir dans son établissement que le samedi matin 16 juin ce qui bouleverse quelque peu nos intentions initiales qui étaient de faire une de balade matinale en espace naturel ponctuée d'un pique-nique avant de se rendre au collège.
Le rendez-vous est donné à notre ancien collège. L'accueil se fera à partir de 10 heures, dans la chapelle réaffectée en salle de réunion ou d'exposition et où ne subsiste que l'autel classé à l'inventaire historique. Bien que dans un établissement public, c'est là que débutait "dans le temps" la Fête annuelle du collège, par une messe dite par l'aumônier et chantée par notre chorale dirigée par Germain P., le directeur.
L'ancien bâtiment principal et surtout son cloître agiront certainement comme libérateurs de nos émotions. Aux embrassades et tapes amicales succèderont les photos, devant les arcades, des classes reconstituées, puis retour dans l'ancienne chapelle pour l'apéro en l'honneur de notre amitié.
La suite des festivités : déjeuner léger en plein air (?) avec vue sur le prestigieux Château des Rochers de Mme de Sévigné, visites au gré de chacun de ce château ou de celui de Vitré, balade digestive autour de l'étang de la Vallière, ou encore pour les ex-internes retrouvailles des ruelles de Vitré, du stade municipal, du bistrot et de ses jeux, partout où se traînaient nos jeudis de collégiens désoeuvrés.
En toute fin d'après-midi, nous nous regrouperons dans un restaurant de la ville pour un bon repas et une soirée conviviale.
- Avez-vous déjà en projet des retrouvailles 2013 ?
Non, ce n'est cette année qu'un événement ponctuel.
D'ailleurs il existe déjà une Association d'Anciens Élèves qui se réunit chaque année au mois de mai. Je suis en relation étroite avec son Président, qui sera peut-être des nôtres le 16 Juin et profitera de l'occasion pour recruter de nouveaux membres - du renouveau pour les années futures - et qui sait s'il ne dénichera pas ainsi le successeur qu'il espère ?
Cette année, ils se réunissent le 23 Juin, date qui ne convenait pas à beaucoup d'entre nous. Nous souhaitions ne pas nous imposer à eux en grand nombre et aussi assurer une bonne lisibilité à notre événement.
Mais, c'est promis, juré, nous ne sommes pas en concurrence.
- Quelque chose de spécial à ajouter ?
J'ai peu de photos de l'époque. Notre surveillant général nous avait fait profiter de son expérience dans la voile pendant 15 jours, en Sinagots dans le golfe du Morbihan en août 1963. Cela fait partie de mes grands souvenirs de collège. J'ai retrouvé le courrier d'information sur ce stage que nous avait envoyé le surgé avec, en annexe, la liste des participants et leur adresse. C'est sans succès que j'ai tenté de retrouver Pierrot, notre surveillant général qui, déjà, était à l'origine de la création du foyer des internes en 1962.
Si quelqu'un a des photos de ce séjour sur la "Petite Mer", j'espère qu'il ou elle les apportera le 16 Juin.
À propos du foyer : j'avais été désigné co-responsable avec notamment Gérard et Jacques. Il était mixte, mais l'année suivante j'ai appris que les filles avaient leur propre foyer avec Joële et Michelle comme responsables.
- Avez-vous une anecdote ?
J'ai beaucoup de souvenirs assez diffus. Parfois j'ai en flashs des images plus précises, comme les parties de foot sur le plateau scolaire, le basket à deux contre deux, la pelote à mains nues contre un mur, les parties de belote ou de 21, le bronzage au bout du terrain de hand, dès les premiers beaux jours.
Je me souviens que fumer nous était interdit. Nous portions des blouses grises. On se retrouvait sous le préau pour faire tourner une cigarette aux intercours. Quand le pion approchait un peu, on planquait le mégot encore allumé dans la manche de blouse et parfois la fumée ressortait par le col ; les copains soufflaient pour tenter de la dissiper.
Une autre anecdote, tout récente celle-là : le mois dernier Jean-Claude m'a adressé quelques photos prises en 1960 ou 61, pendant des moments de détente au collège et lors d'une sortie (en rangs par deux) au stage. Parmi les poseurs, avec stupéfaction, j'ai découvert Serge (dit le "grand") avec lequel je randonne chaque mois depuis 5 ans au sein du club que j'évoquais initialement, à l'origine de cette aventure ; nous ne nous étions pas reconnus !
Qui allons-nous reconnaître... ou pas, le 16 Juin ?
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Crédit photo : DR.