Nous avons eu un professeur de philosophie qui était d'un talent et d'une compétence inouïs !
- Comment vous est venue l'envie d'organiser des retrouvailles ?
Pour organiser des retrouvailles, il faut avoir du temps et de l'envie. L'envie est là et j'ai du temps car je viens de cesser mon activité professionnelle.
Il y a deux projets. L'idée serait de faire de grandes retrouvailles des promotions 1968, 69 et 70, le 30 juin 2012. J'ai choisi de réunir trois années de sortie pour bien inclure toute personne qui aurait pu redoubler quelle qu'en soit la raison. On a tous de bons copains qui sont restés un an derrière ou qui sont passés un an avant soi. Se limiter à une seule année, c'est risquer de ne pas revoir son meilleur pote. J'ai donc ouvert la fourchette en incluant l'année d'avant et l'année d'après de mon année de sortie du lycée. Il devait y avoir environ six classes des terminales, toutes spécialités confondues, d'une trentaine d'élèves, sur trois ans, on peut potentiellement inviter 540 personnes.
Pour cadrer cet événement l'an prochain, j'ai décidé d'organiser une réunion dès le 1er octobre avec quelques initiés. Pour tout d'abord revoir les amis de l'époque et sentir s'il y a un besoin, une envie de mes comparses et aussi voir si quelques-uns peuvent mettre la main à la pâte pour m'aider à organiser tout ça. En fonction de l'enthousiasme que cela va générer, je confirmerai ou non le rendez-vous du 30 juin.
Pour le moment, on va se retrouver à sept ou huit et certainement se faire une bonne bouffe après de longues embrassades. Si la motivation est là, je relèverai le challenge de faire une grande réunion en 2012 !
- Comment se déroule votre recherche d'anciens camarades de classe ?
Assez simplement, en surfant sur le net et sur Trombi, j'ai commencé à regarder les photos de classe et j'ai identifié des noms et des visages.
- Combien de temps cela vous a-t-il pris pour organiser cette réunion ?
Pour l'instant pas grand-chose. On ne peut pas dire que j'y passe un temps particulier. Cela se fait au fils de l'eau, un mail par-ci, un coup de téléphone par-là. Quand on ne travaille plus, ça se fait très facilement, avec quelques minutes par jour ici ou là.
- Y a-t-il une association au sein du lycée ?
Et bien non ! Je me suis renseigné en rendant visite au proviseur du lycée. Nous avons eu un échange très sympathique. M. Pradayrol serait d'ailleurs très favorable à ce que nous en créions une !
Aujourd'hui, cela me semble prématuré de me lancer dans cette aventure car cela me semble très lourd administrativement parlant. Il faut déposer des statuts, constituer un bureau, élire un président, organiser l'assemblée générale annuelle, collecter des cotisations, etc. Néanmoins, c'est peut-être à envisager si la motivation des uns et des autres est forte, mais ça, je ne le saurai qu'après les retrouvailles. Cela me paraît également compliqué de fédérer aussi bien des personnes âgées de 75 ans ou plus avec des trentenaires. Le seul grand point commun entre ces personnes, c'est d'avoir été élèves dans un lycée au coeur d'un lieu remarquable, probablement l'un des plus beaux lycées de France et que nous sommes attachés à ce site. Mais je reste ouvert au projet d'autant plus que le proviseur a offert de mettre des moyens à notre disposition, comme une salle pour nos réunions. Il a également proposé d'organiser une visite du lycée, etc. Il aimerait bien que des anciens élèves viennent parler aux adolescents de leur parcours post-lycée et de leur expérience professionnelle dans le cadre de l'orientation. En effet, il peut y avoir quelque chose à construire entre les anciens et les jeunes lycéens.
- Vous souvenez-vous d'un professeur emblématique ?
Tout à fait. Le but ultime de cette réunion serait de réunir toute la classe de terminale philo 2 de 1969. C'était une année extraordinaire durant laquelle nous avons eu la chance d'avoir un professeur de philosophie qui était d'un talent et d'une compétence inouïs ! François Chirivella était un peu notre Robin Williams du Cercle des Poètes disparus. Les cours de philo se terminaient chez lui à deux heures du matin après avoir fumé trois paquets de cigarettes et bu quelques verres. On allait chez lui, il venait chez les élèves, il y avait un véritable échange. Et miracle, on a retrouvé sa trace. On sait où il est désormais et il viendrait vraisemblablement aux retrouvailles de juin si elles ont lieu. Je ne l'ai pas revu depuis 45 ans. Nous devrions, avec trois camarades le revoir début novembre.
- Combien de personnes ont été invitées ?
Au début, nous étions deux avec un bon copain. Et puis, je lui ai dit : "Invite quelqu'un d'autre" et à cet autre, j'ai dit la même chose pour que l'on constitue un petit groupe de départ. Pour le moment, nous devrions être huit ou dix personnes. C'est un tout petit cercle mais nous nous connaissons bien. Nous allons donc tester les retrouvailles début octobre. Et en fonction de ce qu'on va se dire ce jour-là, je continue pour le 30 juin ou j'arrête.
- Allez-vous retourner dans votre école ?
Evidemment ! Je vais prendre ma voiture et faire 650 km pour aller à Arcachon, bien sûr ! Le lycée sera le point de rencontre. C'est un peu un pèlerinage.
- Quel est le programme de vos retrouvailles ?
On se voit, on s'embrasse, on échange nos coordonnées pour commencer. Et puis, comme nous serons en bord de mer, nous allons marcher sur la plage et très probablement déguster une douzaine d'huîtres accompagnées d'une saucisse et d'un verre de blanc sec... De Bordeaux bien sûr !* On va improviser. Nous sommes peu nombreux, on peut se permettre de naviguer à vue. Je ne peux pas dire, on va aller dans tel ou tel restaurant. Certains auront peut-être très bien réussi dans la vie et d'autres pas. On choisira le lieu en fonction des moyens de chacun.
- Quelque chose de spécial à ajouter ?
Je me pose beaucoup de questions pour juin. Supposons que nous soyons 40 convives. Que fait-on ? Un pique-nique géant, un banquet, on va au restaurant ? Je ne sais pas comment faire. Je ne veux pas que le coût du repas fasse renoncer certains à venir. Ce n'est pas simple. Si nous ne sommes qu'une vingtaine, je peux tout à fait faire un repas, sous les pins, chez moi. J'ai une maison à moins d'une heure d'Arcachon. Mais au-delà de ce nombre, il faut trouver une autre formule.
- À quelques jours de ces retrouvailles, comment vous sentez-vous ?
J'ai un peu d'appréhension. C'est très long 45 ans. La destinée des hommes étant ce qu'elle est, il y aura eu des succès, mais aussi des échecs parfois même des drames. La vie c'est quelques instants de bonheur merveilleux au milieu d'un océan de difficultés. Nous ne sommes pas égaux dans la vie. Attention au danger de comparaison. Je ne voudrais pas que ces retrouvailles soient un concours. Ce n'est pas ça le but de ces retrouvailles. On est là parce qu'on a des souvenirs communs, un point c'est tout. Mais je nous imagine plutôt nous tomber dans les bras des uns et des autres avec joie. Si cela donne envie de se revoir et de reprendre là où on avait laissé notre amitié, c'est partie gagnée. Je me dis aussi qu'on pourra certainement se dire des choses qu'on ne s'est pas dites à l'époque. 40 ans après, la messe est dite, on prend plus de recul par rapport aux choses. Je vais peut-être dire à un tel que lorsqu'il a fait ceci, j'ai pensé cela. La parole peut se libérer alors qu'à l'époque, elle était contrainte. On jouait tous un rôle. Nous étions des lycéens avec un cercle immédiat d'amis et quelques-uns qui nous agaçaient. Je crois qu'aujourd'hui, je ne détesterais personne. J'aurais plaisir à revoir le fayot autant que le prétentieux ou le perturbateur de la classe. La vie nous a appris à être plus tolérants.
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
Crédit photo : DR.
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