Retour à l'école des Ponts d'Aillant-sur-Tholon
- Comment s'est déroulée votre recherche d'anciens camarades de classe ?
Et bien, c'est très bizarre. Après le décès de ma mère, on a retrouvé deux photos de classe où on avait 7 ans ma soeur et moi. On a vu quelques noms qui nous restaient en tête et on s'est posé la question de savoir ce qu'ils étaient devenus. On a lancé notre recherche sur Trombi en se disant "on verra bien, on va peut-être en retrouver un ou deux". Et puis on en a retrouvé plus de 20 sur deux classes !
- Combien de temps cela vous a-t-il pris pour organiser cette réunion ?
Très peu de temps ! On a commencé nos recherches en février et la rencontre a eu lieu en mai. À la demande de tout le monde, on a fait quelque chose avant l'été. D'ailleurs, quelques uns n'ont pas pu venir du fait de cette programmation rapide.
Surtout que l'un d'entre nous est maintenant en Guyane !
- Était-ce difficile ?
Non, surtout que la personne que je recherchais habitait toujours dans le village. Ma soeur et moi avons lancé les démarches et grâce au bouche à oreilles nous avons
rapidement appris qu'untel habitait là, untel ici. Et puis un de nos amis qui travaille aux RG s'est régalé à retrouver certains d'entre nous. Ça a été assez facile en fait.
Si facile, que nous avons été pris à la gorge, il fallait organiser quelque chose au plus vite. Alors la personne qui était sur place a trouvé le restaurant.
- Combien de personnes étaient nécessaires pour organiser l'événement ?
Ma soeur, les frères Bounier et moi, ça fait 4. Un qui cherchait l'information, moi qui envoyais les messages, ma soeur de son côté, pareil, qui cherchait ses copines d'école.
- Êtes-vous retournés dans votre école ?
Et oui ! On a été dans la cour. On était même à deux doigts d'avoir notre maîtresse d'école ! On la cherchait partout cette madame Leblaye. Et puis l'un d'entre nous nous a dit : " Mais elle habite à côté de chez moi ! Fallait me demander plus tôt ! ". Une maîtresse que l'on avait tous en commun est toujours vivante mais nous n'avons pas pu la faire venir, ses 96 ans l'empêchant de se déplacer. On aurait tant aimé refaire la photo de classe avec notre maîtresse. Cela aurait été du tonnerre !
On lui a envoyé les photos de classe de l'époque et de nos retrouvailles, elle était très émue...
- Se souvenait-elle de votre classe ?
Oui ! Nous l'avions eue de nombreuses années. Elle et son mari étaient instituteurs. En cours, les garçons avaient Monsieur et les filles Madame.
- Combien de personnes ont été invitées ?
Alors, nous avons invité entre 50 et 60 personnes.
- Combien de personnes ont répondu positivement ?
Une trentaine étaient partantes et disponibles.
- Qu'avez-vous fait lors de vos retrouvailles ?
On est allé visiter l'école, on a fait un repas et puis la visite du village. On est retourné sur les lieux de nos jeux : les bords du Tholon. On a refait tout le parcours des bords de la rivière, les anciennes maisons. Il y en a même qui sont allés frapper aux portes en disant : "J'ai vécu là il y a 50 ans". En plus le beau temps était de la partie !
- Qu'est-il arrivé ?
Dans un premier temps, on s'est tous regardé en chien de faïence. Chacun se disait : " Et s'il était devenu con ? ". On s'est connu on avait 7 ou 10 ans. On aurait pu mal tourner une fois adulte ! Chacun est venu à tâtons, regardant de loin. Et puis les traits du visage nous rappelaient " Ah oui, c'est lui !". Et très vite, la glace a fondu et ils étaient tous devenus très sympas.
- Quelque chose de spécial à ajouter ? Sentiments ? Émotions ? Anecdotes ?
Beaucoup d'émotion ! On ne s'était pas revu depuis l'école. On s'est tous séparé vers nos 14 ans, voire plus tôt pour les enfants de gendarmes qui ont été mutés.
Pourtant certains habitent toujours le village ! Mais ayant grandi, ils ne reconnaissaient pas le visage de l'autre. Ils avaient beau se croiser chez le boulanger ou le charcutier, ça ne leur effleurait pas l'esprit de pouvoir croiser un ancien camarade de classe.
- Est-ce que ça vous a donné envie de renouveler l'expérience ?
On y a pensé mais on se dit que la magie de la 1ère fois ne sera plus là. Il faut aussi qu'on digère ce qu'on vient de vivre ! On va attendre qu'un peu de temps passe. Ou alors, ce serait pour tous aller rendre visite à notre institutrice. On s'est redécouvert, on va maintenant passer à une autre relation !
Crédit photo : DR.