Retrouvailles de la promo 1956 ENPO à Oyonnax
- Comment avez-vous eu l'idée de ces retrouvailles ?
L'an dernier j'avais reçu une pub de Trombi. C'est un truc que je n'avais jamais fait avant. Mais comme ça existe depuis longtemps ici aux États-Unis, je me suis dit : "Pourquoi pas ? Je vais essayer".
- Comment s'est déroulée votre recherche d'anciens camarades de classe ?
Deux ou trois mois après mon inscription, je reçois un mail de mon camarade de classe Henri Develle. Formidable ! Alors on s'est appelé sur skype, puis on s'est vu par vidéo, on a discuté après 54 ans de silence. Je lui ai dit : "Puisque nous nous sommes retrouvés et que tu es sur place, pourquoi tu n'essaies pas de retrouver le reste des copains ?".
Alors il s'est mis en chasse, et justement, il a retrouvé un copain qui habite encore à Oyonnax et tous les deux se sont mis en quête de retrouver toute la classe. Ils ont fait énormément de recherches, notamment avec l'annuaire. Ça a été parfois laborieux mais comme nous sommes à la retraite, on a du temps ! Heureusement que personne dans la promo ne s'appelait Dupont ou Durand cela aurait été encore plus compliqué ! Malgré tout, ils ont téléphoné à bon nombre d'homonymes de nos camarades. Et quand ils avaient enfin la bonne personne au bout du fil, il y avait une certaine hésitation. "Oui, c'est bien moi. Comment me connaissez-vous ?".
On a établi une liste pour se répartir les appels.
- Combien de temps cela vous a-t-il pris pour organiser cette réunion ?
De début janvier à juin : 6 mois.
- Combien de personnes étaient nécessaires pour organiser l'événement ?
3 personnes : Henri Develle, Gérard Presles, Alain Foulard (toujours sur place). Ils ont préparé une visite de trois jours.
- Êtes-vous retournés dans votre école ?
Oui, on avait contacté la directrice et on a pu faire la visite de l'école.
- Comment s'est déroulé le retour à l'école de votre enfance avec d'anciens camarades de classe ?
Un professeur était à notre disposition pour nous montrer les nouvelles techniques enseignées aux étudiants. Évidemment, ça a pas mal changé depuis nos études. Maintenant tout est piloté par ordinateur, ça change de la règle à calcul ! On n'avait même pas de calculatrice à l'époque !
- Combien de personnes ont été invitées ? Combien de personnes ont répondu positivement ?
Toute la classe a été invitée et 17 sont venus, car 8 sont décédés.
- Qu'avez-vous fait lors de vos retrouvailles ?
Sur trois jours, nous avons fait :
- la visite d'une usine moderne de plastique. C'était passionnant pour les techniciens que nous avons été.
- visite d'un site archéologique. Nous sommes allés voir des traces de dinosaures découvertes récemment près d'Oyonnax.
- j'avais insisté pour qu'on aille voir la Brétouse, une petite montagne où nous allions lorsque nous étions collés et que nous n'avions pas notre permission du dimanche (nous étions tous en pension).
- visite d'un champ de récupération de parachutes de provisions envoyés par les Alliés pour le maquis. D'ailleurs, en visitant l'école, nous avons découvert une plaque commémorative pour notre professeur de maths ancien résistant, capitaine en chef du maquis de l'Ain. Il ne nous en avait jamais parlé !
- retrouvailles avec le prof d'anglais qui a maintenant 84 ans et qui est toujours vert. Il se souvenait de moi. Je lui ai dit que grâce aux magazines américains qu'il apportait en cours, cela m'avait donné le goût de la langue et de la culture américaine.
Et bien sûr nous avons fait des gueuletons midi et soir !
- Qu'est-il arrivé ?
Évidemment, ça a été beaucoup d'émotions, un choc mémorable. On n'arrivait pas à se reconnaître. J'avais dit qu'il fallait prévoir des badges ! À la première réunion, le soir de notre arrivée à l'hôtel, on jetait de loin un coup d'oeil au badge et on disait : "Ah oui ! Je t'ai reconnu tout de suite !".
- Quelque chose de spécial à ajouter ?
On a tous décidé de rester en contact. On a un copain qui se bat contre le cancer. Il a été soigné d'une tumeur au cerveau avant de venir à la réunion et il nous disait que l'optique de ces retrouvailles lui avaient fait tenir le coup et que ça lui avait remonté le moral. Quand on s'est réuni, il avait retrouvé toutes ces facultés et nous a fait profiter de son magnifique accent méridional.
- Voulez-vous nous raconter une anecdote sur ces retrouvailles ?
Pendant nos recherches, je me rappelle en particulier d'un copain avec qui on avait fait une escapade. On avait fait le mur et chipé des vélos pour aller trouver des filles, des suissesses à Nantua. Je lui téléphone :
- Salut Georges, c'est Alain Bertaux.
- ...
- Alain Bertaux, ça te dit quelque chose ?
- Non.
- Tu ne te rappelles pas des filles qu'on avait trouvé à Nantua, entre l'oral et l'écrit ?
- Ah ! Ben oui, là ça me revient. Hahaha.
Il ne se souvenait plus de mon nom mais notre virée, ça il s'en rappelait bien !
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